Les affiches de films qui ont marquées l’Histoire du cinéma

23 Avr

Dans le monde du cinéma, tous les moyens sont bons pour faire la promotion d’un film. Malgré des supports promotionnels diversifiés comme la bande-son ou internet, l’affiche de cinéma reste le meilleur outil de promotion d’un film pour attirer les spectateurs. Elle doit donner des indications sur le titre, le genre, les acteurs, le réalisateur, le compositeur. Le visuel, reste également important. Parfois aguicheuse, parfois sulfureuse, dans certains cas de véritable œuvre d’art, l’affiche de cinéma nous rappelle pourquoi nous avons aimé ou détesté un film, et on se la remémore longtemps après. Elle reste à tout jamais dans nos mémoires et même pour certains d’entre nous, des objets de collection.

 

Les affiches censurées

Un chien andalou de Luis Buñuel (1929)

Tout commence sur un balcon où un homme aiguise un rasoir… La suite est une série de métamorphoses surréalistes. Un homme sectionne l’oeil d’une jeune fille. Un nuage passe devant la lune. Huit ans après. Un cycliste tombe accidenté dans la rue. La jeune fille lui porte secours et l’embrasse…

La photographie est signée Albert Duverger.

Ce petit chef-d’œuvre d’un quart d’heure, est à ce jour un des manifestes les plus virulents jamais réalisés en faveur de la liberté artistique. (cinéclubdecaen.com)

Il fut projeté, à partir du 1er octobre 1929, huit mois durant au Studio 28, occasionnant des évanouissements et trente (ou quarante, ou cinquante selon les versions) dénonciations au commissariat ! (cinéclubdecaen.com)

Amen de Costa Gavras (2002)

Durant la Seconde guerre mondiale, Kurt Gerstein, un officier SS allemand, et un jeune jésuite, Ricardo Fontana, essaient d’alerter le Pape Pie XII et les Alliés du génocide des Juifs, orchestré par les nazis dans les camps de concentration.

L’affiche est signée du photographe italien Oliviero Toscani, célèbre pour avoir réalisé les campagnes publicitaires chocs de Luciano Benetton. Souvenez-vous, dans les années 80/90, nous ne pouvions pas passer à côté. À travers ses photographies, Toscani souhaite refléter la société et ses mutations : la peine de mort, l’anorexie, la violence contre les femmes, etc. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, les photos d’Oliviero Toscani ne laissent pas indifférents.

L’affiche du film Amen, une croix gammée rouge sur fond noir sépare les portraits des deux principaux protagonistes, un officier SS (joué par Ulrich Tukur) et un jeune jésuite (Mathieu Kassovitz) avait suscité une vague de contestation. Il s’agissait pour le réalisateur de dénoncer le silence de l’Eglise et du monde occidental devant la Shoah. Dans un communiqué de presse, Costa-Gavras avait pu s’exprimer :

Dans mon esprit, l’affiche d’Amen n’a aucun caractère provoquant (…) L’affiche correspond au problème posé par le film et traité aussi par de nombreux historiens : celui de la responsabilité du Vatican du fait de sa passivité lors du génocide des juifs et des tziganes par les nazis. (Costa-Gavras, AlloCiné, 22 avril 2002)

C’est arrivé près de chez vous de Remy Belvaux (1992)

Faux documentaire où une équipe de journalistes suit Ben, un tueur, qui s’attaque plus particulièrement aux personnes âgées et aux personnes de classes moyennes. Peu à peu les journalistes vont prendre part aux crimes de Ben.

L’affiche est signée Pascal Le Brun. Lorsque le film débarque sur la croisette en 1992, personne ne s’attend à un cet ovni. Projet de film de fin d’études de Remy Belvaux s’inspirant de Strip-tease, émission de télévision documentaire belge, C’est arrivé près de chez vous devient LE phénomène cette année-là. Il raflera plusieurs prix et lancera la carrière de Benoît Poelvoorde jusque là inconnu.

La réussite de ce film est de mener le spectateur au-delà du dispositif initial, de ce vrai-faux reportage qui aurait pu tourner très vite à l’exercice de style. (Antoine de Baecque, Cahiers du Cinéma n°461 – 

«Ben» ( Benoît Poelvoorde) est venu chez moi, on a fait des photos, avec un éclairage rudimentaire, une lampe de bureau (rires), j’ai aussi fait des gros plans de sa main. Puis, je me suis mis à peindre. (Pascal Le Brun, l’Avenir.net, 04/11/2017)

  • La tétine pleine de sang que l’on voit en bas à droite de l’affiche est l’objet du scandale. Elle fut remplacée par un dentier pour éviter l’interdiction au moins de 16 ans. Pour des raisons budgétaires, le film est tourné en noir et blanc, ce qui accentue considérablement la noirceur du film.

Les affiches originales

E.T., l’extraterrestre de Steven Spielberg (1982)

Une soucoupe volante atterrit en pleine nuit près de Los Angeles. Quelques extraterrestres, envoyés sur Terre en mission d’exploration botanique, sortent de l’engin, mais un des leurs s’aventure au-delà de la clairière où se trouve la navette. Celui-ci se dirige alors vers la ville. C’est sa première découverte de la civilisation humaine. Bientôt traquée par des militaires et abandonnée par les siens, cette petite créature apeurée se nommant E.T. se réfugie dans une résidence de banlieue.

L’affiche est signée John Alvin (1948-2008) et il est considéré comme l’un des affichistes américains les plus talentueux de sa génération et ses affiches sont devenues aussi cultes que les films qu’elles ont illustrées. Il a réalisé plus de 135 affiches de cinéma tout au long de sa carrière.

  • C’est Steven Spielberg qui a suggéré à John Alvin de s’inspirer de la toile de Michel- Ange, Chapelle Sixtine-La création d’Adam (1510)

  • Les créations de John Alvin

 

Les affiches graphiques

Sueurs froides de Sir Alfred Hitchcock (1958)

Scottie, inspecteur de police, a été limogé parce qu’il est sujet au vertige. Un de ses vieux amis le charge de surveiller sa très belle femme, Madeleine, dont le comportement étrange lui fait craindre qu’elle ne se suicide. Scottie la prend en filature, la sauve d’une noyade volontaire puis s’éprend d’elle. Cependant, en raison de sa peur du vide, il ne parvient pas à l’empêcher de se précipiter du haut d’un clocher.

L’affiche est signée Saul Bass (1920-1996)

Saul Bass est un graphiste américain. A l’issue de ses études d’art, il s’oriente vers la publicité. Il est rapidement repéré par le réalisateur Otto Preminger avec qui il collabore pour le film Carmen Jones en 1954.

L’une des clés de ce traitement est l’abandon des traditionnels portraits d’acteurs au profit d’un « logo », un symbole visuel fort qui deviendra l’emblème du film. Jean-Pierre Berthomé (Enseignant à l’université Rennes II, spécialiste du décor de cinéma)

C’est une révolution et c’est donc tout naturellement que, par la suite, Saul Bass s’orientera vers la création de génériques de film et deviendra un maître incontesté en travaillant pour les plus grands réalisateurs.

Mon idée de départ était qu’un générique pouvait mettre dans l’ambiance et souligner la trame narrative du film pour évoquer l’histoire de manière métaphorique. Je voyais le générique comme une façon de conditionner le public de façon à ce que, lorsque le film commence, il ait déjà un écho émotionnel chez les spectateurs. J’étais convaincu que le film commence vraiment dès la première image. (Saul Bass, Entretien avec Pamela Haskin pour Four Quaterly, 1996) 

Juste pour le plaisir : Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger, affiche et générique Saul Bass

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